Historiettes

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La vie, c’est du gâteau !

Une fois, j’ai fait inscrire sur un gâteau, acheté spontanément parce que trop joli et appétissant, « Vive la vie ». Voici donc une exquise pensée pour manger, au moins des yeux pour les gens au régime, un gâteau tous les jours même quand le calendrier n’annonce aucune célébration ! Avons-nous besoin du calendrier pour nous indiquer quand festoyer et pourquoi ? En plus, ce gâteau avec son message avait fait rire et réfléchir toute la tablée. C’était donc un gâteau philosophique… Et la philosophie est sans calorie !

24 juin 2021

Quiétude suspendue 

Je presse l'accélérateur à fond, et fonce droit vers lui. J'avance et je recule prenant plaisir à l'entendre craquer sous  le poids de la voiture. Il est pris au piège, il n'a pas d'issue possible. Quel soulagement ! Je n'ouirai plus ses rengaines lassantes. 

Il ne possédait pas un très large vocabulaire et il bégayait. C'est ma meilleure amie qui me l'avait présenté, elle me vantait toutes ses qualités depuis plus d'un mois. Elle croyait sincèrement me faire du bien en m'offrant de la compagnie. Elle pensait que je m'ennuyais seule dans ma maison. J'avais choisi cette solitude. C'est un dimanche, pour le déjeuner, qu'elle avait prise l'initiative de l'amener chez moi. Elle affichait une fierté d'enfant qui brandissait son premier prix académique. Au premier coup d'oeil il me paraissait un peu froid, mais je ne pouvais pas juger, je ne le connaissais pas. À peine étions nous attablé que ma copine annonçait qu'elle devait partir feignant un rendez vous oublié. Elle reviendra dans une semaine. Au début j'écoutais attentivement mon nouveau compagnon, il parlait continuellement ne me laissant pas en placer une. Pendant qu'il se reposait un peu, j'allais m'occuper à autre chose. Dés que je revenais, il s'empressait d'entamer un nouvel air. Après deux jours, j'étais à bout de patience. Je l'attachai dans la voiture avec ses effets personnels et je partis loin de ma maison. Je m'arrêtai et l'installai au centre de la route. Je l'écrasai encore et encore jusqu'à ce que je sois certaine que ses plaies ne soient pas guérissables. Je l'ai enfoui dans un carton et jeté dans le fossé.

Une grande joie m'envahissais, je m'étais débarrassé de ce foutu tourne-disque et de ses accompagnateurs qui étaient venus briser le doux silence de ma demeure.

17 janvier 1993

 La laveuse

- La laveuse est finie. Pas d’autre choix que de la remplacer. Cette fois, je ne la répare pas. On ne peut pas tout arranger à l’infini. Un moment donné, bien c’est fini.

- Ok Papi, je suis prêt, j’ai un pick-up, on peut partir.

Ensemble, Papi et son petit-fils font le tour des magasins encore ouverts un dimanche de fin de journée, une chasse à la laveuse. Ici, rien de disponible. Ici, il faut acheter la sécheuse avec. Dernière chance pour aujourd’hui, le magasin entrepôt.

-Bonjour Monsieur. Ça va bien ? J’ai besoin d’une laveuse pour aujourd’hui. Demain, il sera peut-être trop tard. En avez-vous en stock ?

- On en a quelques modèles, répond le monsieur d’un certain âge, intrigué par la demande. Ici, on liquide les produits en fin de ligne.

- Ça tombe bien, je suis moi-même en fin de ligne. Je ne veux rien de compliqué et à un prix pas trop cher. Puis, pour une fois, tant pis si ce n’est pas un modèle qui dure 25 ans, de toute manière ça n’existe plus, et malgré ça, la laveuse durera plus longtemps que moi. 

Papi en choisit une et le vendeur lui explique les garanties.

- Voulez-vous la garantie prolongée ? Comme les produits n’ont pas la solidité du temps, c’est bien pratique.

- Je vais être mort bien avant la fin de la garantie de base. Je ne vais pas léguer une garantie prolongée, ce n’est pas transférable en plus.

Le petit-fils observe la scène surréelle et à la fois amusante. Deux vieux messieurs qui parlent de choses d’une époque révolue d’une manière étrange pour un gars de 22 ans. Son Papi est bien fidèle à lui-même, rire du destin duquel on se croit maître une grande partie de sa vie. Un jour, ça frappe comme un éclair en plein front et en plein cœur : nous ne sommes maître de rien du tout. Notre histoire commence et se termine. Le vendeur participe à la conversation comme il peut, il ne voit pas que Papi est mourant, les médicaments sont bien efficaces, pas seulement pour retarder confortablement la mort, mais aussi pour la masquer. Un bon sens de l’humour et de bonnes pilules, et personne ne vous voit mourant !

Papi paye sa facture et ajoute:

- Que voulez-vous, je ne sais pas la date exacte de ma mort, mais c’est proche et je ne vais pas porter du linge sale en l’attendant.

Vécue le 22 septembre 2024

Écrit le 23 septembre 2024